Auteur : Patrick COUDERT
La pathologie rachidienne est extrêmement fréquente dans le tennis, que ce soit au plus haut niveau ou dans la pratique du tennis loisir.
Chez l?adulte la pathologie dominante est la pathologie discale, quelle soit aîgue ou dégénérative . Celle-ci peut provoquer des crises de sciatique vraies, c?est-à-dire la compression d?une racine sciatique par une hernie discale ou un « bec arthrosique », soit des « fausses sciatiques » qui sont des douleurs musculaires ou tendineuses projetées.
Viennent ensuite les blocages vertébraux » ou dérangements intervertébraux mineurs qui peuvent provoquer parfois des douleurs aussi importantes que les problèmes discaux, avec contractures musculaires sévères et poussées inflammatoires. Ceux-ci guérissent beaucoup plus vite que les problèmes discaux, par des manipulations vertébrales ou des techniques ostéopathiques .
Il est également fréquent de rencontrer des problèmes liés au bassin (torsion du bassin, blocage de l?articulation sacro-iliaque) ou des problèmes rachidiens dégénératifs qu?il convient de savoir repérer et traiter pour éviter la chronicité.
Chez l?enfant, en dehors des scolioses bénignes et des maladies de croissance qui nécessitent une surveillance accrue avec période de repos dans les phases douloureuses, il convient d?être surtout attentif aux douleurs lombaires basses. Celles-ci, peuvent en effet annoncer ou révéler les pathologies isthmiques (congénitales ou acquises par un excès de sport) responsables des glissements vertébraux irréversibles (spondylolisthésis). Il est donc important de faire un bilan radiologique précis sur toute douleur lombaire de l?enfant qui ne cède pas avec le repos.
Les causes des problèmes vertébraux liés à la pratique du tennis sont multiples :
Les Micro-traumatismes verticaux répétés, l?impact
des surfaces dures et surtout les influences qu?ont les champions
sur l?évolution du tennis : Recherche de puissance au service,
utilisation abusive du lift en coup droit comme en revers pour une meilleure
recherche d?angles et utilisation de plus en plus fréquente
du revers à deux mains.
Toutes ces évolutions techniques ne sont pas sans influence sur la pathologie
rachidienne avec la dissociation violente en rotation entre les ceintures scapulaires
et pelviennes. (différence avec les techniques classiques du coup droit
frappé à plat et du revers classique à une main, qui respectent
l?alignement des épaules et du bassin.)
Sur le plan thérapeutique, les choix restent classiques avec l?utilisation
souvent indispensable du repos et l?utilisation des anti-inflammatoires
et des myorelaxants. Une large place est faite à la rééducation
fonctionnelle (physiothérapie, étirements, massages et rééquilibrage
musculaire). L?ostéopathie, les infiltrations, la mésothérapie
et les tractions vertébrales apportent leurs contributions selon
les indications.
La chirurgie de plus en plus précise et performante intéresse
les échecs thérapeutiques médicaux.
Quelle relation spécifique existe-il entre la pratique du Tennis et la pathologie rachidienne ?
- Un grand classique du tennis est le manque d?échauffement ;
Celui-ci est fréquent par manque de temps ou par manque d?habitude.
En effet,les tennismen oublient souvent l?échauffement ou
le réduisent à quelques échanges de balles avant la
partie.
- La raideur ; ce sport n?a pas la réputation
d?assouplir les muscles et d?effacer les contractures musculaires,
bien au contraire. Les raideurs sont donc rarement corrigées par la
pratique du tennis et il faut être conscient que ce sport appelle un
complément de préparation physique notamment au niveau du stretching.
- Le déséquilibre musculaire ; force / souplesse.
Il existe un déséquilibre fréquent entre force et souplesse
musculaire rachidienne (insuffisance de musculature des abdominaux et raideur
ou rétraction des muscles du dos.) Le tennis accentue ce déséquilibre.
- C?est un sport où la surface de jeu peut être
choisie. Elle influence la façon de jouer, mais elle a également
un impact différent sur les articulations. Certaines surfaces dures
augmentent évidemment les micro-traumatismes verticaux et aggravent
les pathologies rachidiennes.
- Enfin la tactique choisie par le joueur a une influence
directe sur le rachis, avec, par exemple l?utilisation exagérée
du lift et la recherche de puissance et d?effets " slicés
" au service.
Luttons contre certaines idées reçues.
- Mal au dos : il faut muscler les abdominaux.
Oui si vos muscles postérieurs sont souples.
Non s?ils sont rétractés. Une rétraction des muscles
postérieurs crée déjà une mise en pression des
disques. Si on ne prend pas la précaution d?assouplir ces muscles
avant de renforcer les muscles abdominaux, la pratique de ces exercices va
immédiatement augmenter les conflits discaux.
- Torsion du bassin ou jambe longue ? Ne rien faire en dessous de 8
mm.
Un vieux concept médical est de ne pas corriger une différence
de longueur des membres inférieurs en dessous de 8 millimètres.
La médecine du sport est revenue sur cette théorie pour les gens
qui pratiquent une activité sportive régulière .Elle porte,
désormais une attention particulière sur le respect de l?équilibre
rachis / bassin / axe des pieds, nécessitant souvent des corrections
plantaires adaptées pour prévenir les pathologies rachidiennes
et périphériques chroniques.
- Il faut privilégier la force à la souplesse ?
Faux
Lorsque nous disposons peu de temps pour avoir une activité physique
complémentaire à la pratique du tennis, il convient de privilégier
la souplesse à la force. Un dos souple est moins générateur
de pathologies qu?un dos fort mais rétracté.
Quelques conseils pratiques pour jouer au tennis sans souffrir du dos
- Un long échauffement est nécessaire.
il est indispensable d?arriver une demi-heure avant son match de tennis
pour s?échauffer une vingtaine de minutes sur vélo ou par
un footing. Celui-ci doit être obligatoirement suivis d?une dizaine
de minutes d?étirements des muscles des jambes et surtout des
muscles postérieurs du rachis.
Il est important de corriger sa technique sur certains coups si ceux-ci provoquent des douleurs lombaires : notamment plier les jambes au lieu de cambrer le dos au service ou au smasch, éviter le lift systématique sur le coup droit ou le revers et utiliser plus souvent des coups à plat. Reprendre un revers à une main, moins traumatisant pour le rachis, peut parfois s?avérer nécessaire.
Il convient d?entretenir un équilibre du bassin et
corriger ses appuis plantaires.
Une surveillance kinésithérapique doit être régulière
afin d?équilibrer les muscles fixateurs du bassin (carré des
lombes, psoas, abdominaux, ischio-jambiers, adducteurs, droit antérieur
et rotateurs externes de hanche) et compenser les déséquilibres
d?appui plantaire.
Ne pas oublier que jouer au tennis nécessite un minimum de préparation physique en dehors du tennis (jogging, stretching, musculation?) afin de maintenir cet équilibre force / souplesse indispensable à une bonne harmonie du rachis.
Et pour finir, si cela est possible bien évidemment, il est préférable d?utiliser des surfaces souples comme la terre battue ou l?herbe et d?éviter les surfaces dures.
Au total : la pratique du tennis peut se faire sans problèmes
vis à vis du rachis à condition de soigner sa préparation,
accepter systématiquement un bon échauffement et ne pas hésiter à modifier
sa tactique et ses gestes techniques pour les adapter l?âge
de ses articulations.
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