Auteur : Gaël POIRÉE
Dr Gaël POIRÉE, Clinique St George.
La discopathie dégénérative est une des causes majeures
de lombalgie, pathologie actuellement de plus en plus fréquente.
Face à cette pathologie, deux possibilités s’offrent au
chirurgien : la discectomie et l'arthrodèse.
L’expérience acquise dans l’arthroplastie des articulations
périphériques montre de meilleurs résultats fonctionnels
avec une prothèse qu’avec une arthrodèse.
Aussi, la prothèse discale a été proposée comme
alternative à l’arthrodèse intervertébrale dans
le traitement de la lombalgie, dans le but de préserver la mobilité intervertébrale
et de pallier aux inconvénients de l’arthrodèse.
Les inconvénients majeurs de l’arthrodèse consistent en
une dégénérescence des étages adjacents (disque
et articulaires postérieures) par hyper sollicitation et en une fusion
souvent incomplète, toutes deux à l’origine d’une
récidive douloureuse. D’où l’intérêt
pour la prothèse discale ces dernières décennies.
La première implantation a eu lieu en 1973 (Fernström) ; elle se
pose par voie antérieure rétro péritonéale ; elle
est actuellement non commercialisée et posée uniquement dans
certains centres pilotes.
Les premiers résultats émanent d’études
rétrospectives avec un faible recul (entre 2 et 4 ans suivant les
séries) et les bons résultas semblent inférieurs à ceux
de l’arthrodèse : en moyenne 63 % contre respectivement 65 à 93
% Mais surtout et comme souvent en chirurgie du rachis, les résultats
semblent liés à l’indication.
La mobilité segmentaire intervertébrale des étages prothèsés
est en moyenne de 9° soit une mobilité significativement inférieure
(environ moitié moins) à celle des étages immédiatement
adjacents. Cette mobilité est corrélée au positionnement
de l’implant (diminuée si trop antérieur).
Les complications font apparaître : -31 % de ruptures d’implants pour les premiers modèles de prothèses et aucun sur les derniers modèles mais ces dernières ont un faible recul (quid à 10 ans ?).
- Migration antérieure de l’implant dans 9 % des cas
et enfoncement dans le corps vertébral dans 3 % des cas (> 30%
pour les premiers modèles).
- possibilité d’arthrodèse en cas d’échec,
avec ou sans ablation de l’implant (par exemple par voie postérieure
par arthrodèse postéro-latérale).
Les contre-indications sont représentées
par les personnes âgées (ostéoporose avec risque d’enfoncement
de la prothèse), l’arthrose articulaire postérieure
(augmentation de la mobilité intervertébrale par la prothèse
et lombalgie d’origine articulaire postérieure), une dégénérescence
discale étagée, des ATCD de chirurgie discale, le spondylolisthésis,
le canal lombaire étroit.
Finalement, l’indication idéale semble être
un patient jeune (< 45 ans) , lombalgique par discopathie (sans arthrose
articulaire postérieure) sur un seul niveau.
En conclusion, il s’agit certainement d’une voie d’avenir qui nécessite une stricte évaluation par des études prospectives, dont les indications restent très limitées et dont les résultats sont directement liés à une sélection rigoureuse du patient en consultation pluridisciplinaire.
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