Clinique du dos

L'arthrose et le stress oxydatif

Auteur : Vincent RENAUD - Médecin nutritioniste

Suppléments nutritionnels et santé des articulations : Diminuer la douleur et améliorer leur mobilité

L?objectif du traitement de l?arthrose est, avant tout, de soulager la douleur et la raideur articulaires tout en freinant ou stoppant le développement des lésions du cartilage. La médecine conventionnelle traite principalement l?arthrose avec des analgésiques, des anti-inflammatoires non stéroïdiens ou stéroïdiens qui, pratiquement tous, outre le fait qu?ils ont de nombreux effets secondaires, contribuent par un mécanisme ou par un autre à dégrader l?articulation.

Des antioxydants contre le stress oxydatif

Les radicaux libres et le stress oxydant qu?ils provoquent constituent un facteur important dans le développement de l?arthrose comme dans la majorité des maladies dégénératives qui apparaissent avec le vieillissement. Les patients souffrant d?arthrose ont un taux de malondialdehyde (un marqueur de l?oxydation lipidique) et des activités de la catalase et de la glutathion peroxydase plus élevées que des sujets en bonne santé ; cela indique la présence d?un stress oxydatif important (Schwartz E.R. et al., 1977). In vitro, les radicaux libres sont capables d?inhiber la synthèse des protéoglycanes par les chondrocytes et le sélénium ainsi que les vitamines C et E protègent les chondrocytes de ces attaques radicalaires (Wei X.G., 1992).

La détérioration des articulations, principalement celles du dos, est plus lente chez des personnes atteintes d?arthrose mangeant des quantités importantes d?aliments riches en antioxydants que chez celles qui en consommaient peu (McAlindon T.E. et al., 1996). Des études ont ainsi montré que les vitamines C et E exerçaient un effet bénéfique dans le traitement de l?arthrose. Une consommation déficiente en vitamine C, ce que l?on rencontre fréquemment chez des personnes âgées, perturbe la synthèse du collagène, une protéine particulièrement importante pour les cartilages (Bates, 1977).
L?étude de la consommation d?anti-oxydants chez 640 participants de la Framingham Osteoarthritis Cohort Study, dont 149 souffraient d?une arthrose du genou, a montré, qu?en particulier, une consommation élevée de vitamine C et, dans une moindre mesure, de bêta-carotène et de vitamine E, réduisait le risque de perte de cartilage et exerçait un effet protecteur contre l?arthrose (McAlindon T.E. et al., 1996).

Des études sur la vitamine E ont souligné sa capacité à stimuler la production de composants du cartilage comme les glycosaminoglycanes ainsi qu?à inhiber la dégradation du cartilage.

Une étude a comparé l?effet d?une supplémentation en acétate de tocophérol (400 UI par jour de vitamine E) avec celui du diclofénac, un AINS (30 mg trois fois par jour) pendant une durée de trois semaines chez 53 patients atteints d?arthrose de la hanche ou du genou.

La vitamine E est apparue pratiquement aussi efficace que le médicament : elle a permis de réduire la douleur à la station debout de 77 % (versus 85 %), la douleur à la pression de 67 % (versus 85 %) et la douleur à la mobilisation de 62 % (versus 63 %). Les deux traitements ont diminué de manière similaire le gonflement des genoux, le temps de marche pour parcourir 20 mètres et augmenté la mobilité articulaire (Scherak O. et al., 1990).
L?acide désoxyribonucléique hautement polymérisé (ADN-HP) est une substance naturelle extraite de la laitance de saumon sauvage et possède des propriétés antioxydantes.

Une étude clinique multicentrique en double aveugle portant sur 116 personnes souffrant de rachialgies chroniques depuis plus d?un mois a évalué l?effet de l?ADN-HP comparé à celui d?un placebo. Les résultats ont montré que la supplémentation provoquait une diminution de 43,6 % de la douleur contre 25,4 % dans le groupe témoin. La gêne fonctionnelle a été diminuée de 32,6 % contre 25,5 % par le placebo. Dans une étude ouverte, 2 960 personnes souffrant d?arthrose, âgées en moyenne de 61,1 ans, ont reçu pendant un ou deux mois de l?ADN-HP associé à des vitamines B et E. Des effets bénéfiques sont apparus dès les premiers mois du traitement. Les douleurs ont été soulagées dans 89,5 % des cas et les performances améliorées chez 83,6 % des sujets.

La glucosamine, une substance synthétisée par les chondrocytes

Le sulfate de glucosamine est une substance similaire à celle qui est naturellement produite dans notre organisme par les chondrocytes. Dans des cas d?arthrose, sa synthèse est défectueuse et insuffisante et plusieurs études ont souligné qu?une supplémentation pouvait se révéler bénéfique.
Les recherches sur la glucosamine ont commencé au début des années 1980 et de nombreuses études ont montré un effet positif dans le traitement de l?arthrose. L?organisme utilise les suppléments de glucosamine pour synthétiser des protéoglycanes et des glycosaminoglycanes dans la matrice du cartilage. En plus d?apporter des matières premières, la présence de glucosamine semble stimuler les chondrocytes dans la production de ces substances. La glucosamine pourrait également aider à prévenir la dégradation du collagène en inhibant l?action de certaines enzymes comme la collagénase ou la phospholipase. (Hungerford D.S., 1998). En bloquant certains mécanismes, la glucosamine retarde la progression de la maladie et soulage les symptômes même encore plusieurs semaines après l?arrêt du traitement. La raison probable expliquant que son effet perdure est que la glucosamine est incorporée dans le cartilage reconstruit. Par contre, comme de nombreux traitements naturels, l?effet thérapeutique de la glucosamine n?est pas immédiat et demande généralement une à huit semaines.
La glucosamine est pratiquement totalement dépourvue d?effets secondaires surtout lorsqu?elle est comparée aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Dans une étude en double aveugle, 310 personnes atteintes d?arthrose ont été réparties en quatre groupes qui ont reçu respectivement du piroxicam, un médicament utilisé couramment dans le traitement de cette maladie, de la glucosamine, les deux traitements ou un placebo. Après 90 jours de traitement, le piroxicam et la glucosamine ont montré une égale efficacité à réduire les symptômes. De façon surprenante, la combinaison des deux n?a pas vraiment donné de meilleurs résultats que chacun d?eux pris séparément. Au bout de cette période de 90 jours, le traitement a été interrompu mais les patients ont été suivis pendant 60 jours supplémentaires. Les bénéfices du piroxicam ont rapidement disparu alors que ceux de la glucosamine ont perduré pendant toute cette période (Rovati et al., 1994). Dans une autre étude portant sur 178 patients atteints d?une arthrose du genou, un groupe a été traité avec 1 500 mg quotidien de sulfate de glucosamine tandis que l?autre recevait 1 200 mg d?ibuprofène. À nouveau, la glucosamine a montré la même efficacité à soulager les symptômes que l?ibuprofène et a été significativement mieux tolérée que ce dernier (Qui et al., 1998).

Une étude récente a porté sur 414 femmes avec une arthrose du genou, la plupart d?entre elles étant déjà ménopausées. La moitié d?entre elles a pris 1 500 mg de sulfate de glucosamine tandis que l?autre moitié recevait un placebo. Après trois ans de traitement, les femmes supplémentées en glucosamine n?avaient pas perdu de cartilage supplémentaire alors que le cartilage de celles prenant un placebo avait continué à se détruire.
De plus, la douleur et la mobilité ont été améliorées par la glucosamine (Bruyere O., 2004).

L?utilisation de la glucosamine de façon intermittente a été examinée sur 84 personnes âgées de plus de 40 ans avec une arthrose. Les participants ont reçu quotidiennement de façon aléatoire 800 mg de sulfate de glucosamine pendant les trois premiers mois de l?étude et pendant les mois sept à neuf ou un placebo selon un schéma identique. Aucun des deux groupes n?a reçu de traitement entre les mois quatre et six ni entre les mois dix et douze. S?ils en avaient besoin, les participants étaient autorisés à prendre contre la douleur de l?acétaminophène (jusqu?à 4 g par jour). Pour évaluer la réponse au traitement, le niveau de douleur et de mobilité de l?articulation a été mesuré ainsi que le temps de marche (la durée prise pour parcourir à pied 20 mètres), l?évaluation de l?efficacité par les participants et par les médecins, la consommation d?analgésiques et les modifications de l?espace dans l?articulation.

Dans le groupe prenant du sulfate de glucosamine, la douleur du genou et sa mobilité ont été améliorées de façon significative par rapport au groupe placebo. À la fin de l?étude, le groupe sous glucosamine a expérimenté une baisse de 36 % des symptômes contre 23 % dans le groupe témoin. Le temps de marche était également amélioré et la consommation d?analgésiques significativement plus faible dans le groupe supplémenté. L?arthrose a progressé dans le groupe sous placebo alors qu?elle s?est stabilisée dans le groupe supplémenté. Cette étude indique que la glucosamine est efficace même lorsqu?elle est administrée de façon intermittente (Osteoarthritis and cartilage, 2004).

Le sulfate de chondroïtine, composant majeur du cartilage

Très grosse molécule constituée d?unités successives de sulfate de glucosamine, le sulfate de chondroïtine est un composant majeur du cartilage. Tout comme la glucosamine, le sulfate de chondroïtine attire l?eau dans la matrice du cartilage et stimule la production du cartilage. De même, il a la capacité d?empêcher les enzymes de dissoudre le cartilage. Bien que l?absorption du sulfate de chondroïtine soit beaucoup plus faible que celle de la glucosamine (10 à 15 % versus 90 à 98 %), quelques études ont montré de très bons résultats avec des traitements de longue durée qui ont réduit la douleur et augmenté l?étendue des mouvements.

Une étude a enrôlé 85 personnes avec une arthrose du genou et les a suivis pendant six mois. Les participants ont reçu 400 mg de sulfate de chondroïtine deux fois par jour ou un placebo. À la fin de l?essai, les médecins ont évalué les améliorations comme bonnes ou très bonnes chez 69 % des personnes prenant du sulfate de chondroïtine et chez seulement 32 % des sujets sous placebo. Une autre façon de comparer les résultats est de regarder la vitesse maximum de marche des participants.

Alors que les sujets du groupe prenant de la chondroïtine ont été capables d?améliorer graduellement leur vitesse de marche au cours de l?étude, cela n?a pas été le cas dans le groupe sous placebo. D?autres améliorations ont également été constatées dans les mesures de l?arthrose comme le niveau de douleur avec des bénéfices dès le premier mois de traitement. Ces résultats suggèrent que le sulfate de chondroïtine peut empêcher l?arthrose de s?aggraver progressivement (Bucsi L. et al., 1998).
Cent dix-neuf personnes avec une arthrose de l?articulation des doigts ont été suivies pendant trois ans. Elles ont reçu, trois fois par jour, 400 mg de sulfate de chondroïtine ou un placebo. Des radiographies des articulations ont été faites au début de l?étude, puis une fois par an. À la fin de l?étude, le nombre de patients dont la maladie avait progressé était nettement moins important dans le groupe traité avec le sulfate de chondroïtine que dans celui sous placebo (Verbruggen et al., 1998).

 

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